Cette communication vise à contribuer à une réflexion féministe sur les rapports entre les disciplines et l'indiscipline, tant dans en tant que mode de connaissance et principe épistémique qu'audace intellectuelle et politique à partir de l'analyse d'une des premières formes de questionnement disciplinaire du point de vue du genre, conduite par une pionnière largement méconnue et oubliée de la théorie féministe, la sociologue Viola Klein (1908-1971). Il s'agit de restituer la manière dont, à travers une méthode spécifique, qu'elle s'approprie, la sociologie de la connaissance de Karl Mannheim, perspective ouverte, et en ce sens dépassant les clivages disciplinaires traditionnels, Klein donne à voir la manière dont différentes disciplines des sciences humaines et sociales mais aussi dites « dures », dans la première moitié du XXe siècle, sont communément traversées par une vision de la féminité qui est largement déterminée par les conditions socio-historiques et le point de vue de l'observateur. Perspective aujourd'hui « classique » des études féministes, en raison de l'apport important qu'ont constitué les épistémologies féministes du point de vue et de la connaissance située, la question s'est donc bien trouvée au cœur des premières formulations du féminisme moderne du milieu du XXe siècle. Il s'agit en ce sens également de replacer la pensée de Klein dans cette généalogie dont elle demeure effacée