Dans cette communication, je m'attacherai en premier lieu à montrer en quoi les critiques féministes ont suscité le développement d'épistémologies alternatives, propres à faire advenir de nouvelles pratiques scientifiques. Si la critique féministe a dans un premier mouvement montré que la science s'est faite sans les femmes, elle va en effet maintenant bien plus loin et pointe également les limites de la supposée universalité du sujet, ce qui est lourd de conséquences en termes épistémologiques, même si la nature de ces conséquences reste encore très discutée.
En deuxième lieu, je porterai mon propos sur le plan méthodologique en cherchant à saisir ce qui fait que certaines recherches d'inspiration féministe, notamment dans le champ de la biologie et des sciences sociales, sont aussi pertinentes et incisives. Il s'agira là, sur la base de textes scientifiques publiés dans des revues féministes de sciences sociales, d'identifier les principaux marqueurs des travaux que l'on peut regarder comme procédant de « méthodologies féministes ».
Enfin, je tenterai de montrer que la « révolution épistémologique » qui se précipite depuis maintenant une trentaine d'années tient d'abord à cette interdisciplinarité qui caractérise la recherche féministe depuis ses débuts. Une interdisciplinarité qui devrait tenir toutes ses promesses à terme, et dont les féministes auront eu à payer le prix en termes de contraintes et de carrières.
Abstract
In this paper, I will first focus on how feminist criticism has led to the development of alternative epistemologies suitable for new scientific practices. If in its first time feminist criticism showed that science has been made without women, it goes much further and highlights the limits of the alleged universality of the subject, what is laden with consequences on the epistemological level even if the nature of these consequences remains controversial.
Secondly, I shall pay a specific attention to methodological issues by considering the reasons why some feminist-inspired researches, particularly in the field of biology and social sciences, are especially relevant and incisive. The purpose will be to identify in texts published in feminist social science journals what better characterize the work that can be considered as proceeding from "feminist methodologies".
Finally, I will try to show that the "epistemological revolution" that has been rushing for the past thirty years is primarily due to this interdisciplinarity characteristic of feminist research since its inception. An interdisciplinarity that should keep all its promises in the end, and for which feminists will have had to pay in terms of constraints and careers.
