La sexualité a une place centrale dans la pensée féministe et queer au moins depuis les nouveaux mouvements de libération des femmes et des homosexuel.le.s de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Cette communication interroge le lien qui y est créé entre la sexualité et des idées de libération, d'émancipation voire de révolution. A l'exemple de trois débats pris de chacun des contextes analysés, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, les différentes expressions, formulations et transformations de ce lien sont analysées. Il s'agit d'abord d'une discussion sur le potentiel révolutionnaire de la « folle » dans ce qui a été nommé le « Tuntenstreit » (la dispute des folles) au sein d'une des premières organisations homosexuelles après la réforme du paragraphe 175 interdisant l'homosexualité en Allemagne, la Homosexuelle Aktion Westberlin (HAW) au début des années 1970. Cette discussion navigue entre le triangle composé par la domination masculine, l'oppression des homosexuel.le.s et l'économie capitaliste. Le deuxième débat à la fin des années 1970 en France interrogeait le potentiel révolutionnaire du lesbianisme pour la libération des femmes. Dans ce débat le lesbianisme devient une stratégie politique pour combattre le patriarcat. La troisième discussion au début des années 1980 aux Etats-Unis tournait autour des perspectives féministes sur les subcultures sadomasochistes lesbiennes, la pornographie et les subcultures butch/fem. Ce débat est souvent appelé les « sex wars » féministes. Cette communication a pour but d'analyser comment dans ces trois débats, le rapport entre sexualité et genre est négocié notamment dans une perspective de libération ou émancipation des femmes. Est-ce qu'il s'agissait de libérer la sexualité des structures patriarcales, est-ce qu'il s'agissait de se libérer par des sexualités alternatives ou est-ce qu'il s'agissait plutôt de se libérer de la sexualité lorsqu'elle est vue comme technologie de pouvoir hétéropatriarcale ?