Site web du colloque du CRESPPA "Pensée critique du genre : travail, corps, nation" qui se déroulera du 17 au 19 mai 2017 au CNRS, 59-61 rue Pouchet à Paris.
17-19 mai 2017 Paris (France)
« The Lady of Race »... Quand la déconstruction de la féminité éclaire la ligne de couleur
Franck Freitas  1  
1 : Cresppa  (GTM)
Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis

Les formes d'exclusion auxquelles ont été historiquement assujettis les femmes, les colonisés et/ou esclaves (ainsi que leurs descendants) ont pu aboutir, avec plus ou moins de succès, à la formation d'affinité élective entre ces groupes minoritaires. On peut, par exemple, penser au soutien apporté par Frederick Douglass (1818-1895), ancien esclave puis abolitionniste, à la lutte pour le droit de vote des femmes. Mais aussi à l'émergence d'un féminisme anti-colonial puis postcolonial mobilisé dans les luttes contre le racisme systémique (violences policières, violence culturelle, etc.).

 

Ces affinités au niveau politique se sont prolongées dans le domaine des théories critiques. Le dialogue entre les études de genre et celles sur la « race » a débouché sur la composition d'une « boîte à outils » commune (intersectionnalité, théorie du positionnement, blanchité, etc.) qui invite à penser la co-extensivité des rapports sociaux. Ces théories situées ont ainsi contribué à porter un éclairage nouveau l'une sur l'autre, en pointant leurs impensés et en mettant en mots (parfois sous forme de néologisme) des formes de domination et de résistance jusque-là restées indicibles (performativité, agencéité, Man-interrupting, etc.).

 

Dans le prolongement de ces affinités, cette intervention se proposera de revenir sur la part de déconstruction que soulève l'examen des rapports sociaux genrés, qui trouvent un écho dans les questionnements relatifs aux faits raciaux. Sans tomber dans une analogie simpliste entre genre et « race », il sera ici question de voir en quoi les analyses féministes donnent l'opportunité de problématiser des formes subtiles de domination raciale qui ne sont pas forcément reconnues ainsi. Précisément je m'intéresserai à la nature du rapport entre minoritaires et majoritaire sur le plan racial à l'aulne des contributions critiques sur la déconstruction de la féminité dont l'attribution a servi à justifier l'infériorisation raciales des populations asservies. Comment, par exemple, les analyses sur le sexisme « de courtoisie » peuvent servir à éclairer des formes subtiles de domination à l'instar du racisme « positif ».


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